Этот рассказ я нашёл на просторах французского сегмента Интернета и он показался мне любопытным. Предлагаю его к качестве небольшого развлечения в выходные дни.
Возможно эта научная фантастика наше недалёкое будущее.
Simon Lelachic
Union légale
Le premier mariage homme-robot fut un coup de tonnerre mondial. La presse people se jetait sur le moindre scoop qu’elle arrivait à décrocher, inondant les médias d’images et de nouvelles infos toutes les 24 heures. Les mariés avaient convié deux cent invités à leur union, dont plusieurs journalistes qui couvraient l'évènement, et appréciaient d'être entrés dans l’Histoire grâce à leur amour.
Quelques années auparavant, l’humanité put déjà assister au premier mariage femme-cadavre, et on venait maintenant de franchir un nouveau pas vers la liberté amoureuse. Un nouveau droit d’expression de l’Amour qui s’emparait déjà de toutes les âmes, ne laissant personne indifférent, un nouveau pas vers le rapprochement des peuples et la paix dans le monde.
Le curé émit comme unique reproche que la mariée soit déjà mère. Mais à cela s’opposait une circonstance malheureuse qui la défendait: la pauvre avait été rejetée par son père à l'âge de 13 ans parce qu’elle était différente.
C’est en effet treize ans plus tôt que Karima 5·71 a vu le jour dans l’usine d’un spécialiste en robotique qui n’existe plus aujourd’hui. Par la loi qui impose de fournir un robot assistant à chaque foyer (et deux robots pour les foyers de plus de neuf individus), c’est chez un certain monsieur X que Karima s’est vue contrainte de se rendre par un soir de pluie.
Ça avait été un dur voyage pour la jeune machine, elle avait dû prendre le bus toute seule alors qu’elle était âgée d'à peine trois semaines. En sortant au terminus, les autres voyageurs ne se sont pas gênés pour passer devant elle et la faire tomber dans une flaque de boue. Tous ses vêtements neufs étaient trempés. Comment pourrait-elle se présenter chez son nouvel employeur dans un état pareil?
Ses fonctions cognitives réagirent à ce choc émotionnel et elle éprouva de la détresse. Émotion négative, critères d’expression: visage renfrogné, cris de chagrin et émission de larmes. Mais une main humaine passa devant ses yeux humides. Elle ne comprit pas et continuait de pleurer, mais l’homme s’accroupit devant elle en lui souriant.
Maîtrisant quelque peu ses émotions, elle leva les yeux en reniflant. Il lui souriait. Elle lui sourit. Ses cheveux noirs coulaient de pluie. Elle coulait du nez. Elle s’essuya du revers de la main. Trois semaines après sa venue au monde, Karima venait de tomber amoureuse.
Ils passèrent la nuit à l’hôtel le plus proche et la jeune femme se présenta chez monsieur X vers 10h le lendemain. Oh, comme elle aurait aimé rester avec Juan, mais elle ne pouvait pas se permettre d’arriver plus en retard.
Quant à lui, il devait rentrer chez lui. C'était samedi, il allait se recoucher et il irait jogger en repensant à elle.
Karima frappa à la porte de son patron et c'était une fillette qui lui ouvrit. Elle referma la porte dès qu’elle vit que c'était un robot. Derrière le battant, Karima entendit appeler papa.
Bien que les assistants robotiques soient le plus humanisés qu’il soit possible de l'être, c'était comme comparer une photocopie à son original. Quelques détails sautaient tout de suite aux yeux.
La porte se rouvrit peu après et un gros barbu à pipe l’accueillit. Elle s’excusa pour son retard et pour ne pas être très présentable, mais elle assura qu’elle serait pleinement opérationnelle dès à présent.
Neuf mois plus tard, Karima mit au monde son petit Nassim. Juan accueillit son fils avec une joie non dissimulée. À cette époque, bien que des procédés comme la fécondation in vitro ou la gestation pour autrui soient déjà bien connus du public, l’ectogenèse dans l'utérus artificiel en était à ses balbutiements et subissait d’un côté les plus nobles acclamations, de l’autre les plus violentes controverses.
Oui, les assistants pouvaient concevoir, mais sauraient-ils offrir à l’enfant les soins et l’amour qui lui étaient nécessaires? Ce système de conception de la vie banalisait et même parodiait la nature, disaient certains, ce à quoi d’autres, en désespoir de cause, arguaient que l’on avait enfin un moyen parfait pour vaincre l’infécondité.
« Vos besoins pathologiques d’avoir un enfant vont créer des monstres! » « Vous ne savez pas ce que c’est que de ne pas encore être mère à 40 ans! »
« Adoptez et faites pas chier! »
« Nous n’en avons pas les moyens! »
Mais malgré tout ce qu’on disait, Juan et Karima vivaient leur amour et leur nouvelle vie avec toute l’insouciance et le bonheur des jeunes parents.
Karima continuait de travailler comme assistante, rendant visite à son fils tous les soirs à la maison de Juan.
Monsieur X ne voulait pas que Nassim reste chez lui et il exigeait que son assistante soit rentrée à 23 heures pour s’occuper de la surveillance de la maison. Elle était présente sur son lieu de travail tous les jours de la semaine, même le dimanche et les jours fériés car son patron estimait qu’elle lui appartenait et il ne voulait pas qu’elle lui échappe.
En outre, elle pouvait toujours trouver quelque chose à faire: vérifier les dates de péremption des médicaments, rassurer Lily lors d’un orage (car leurs rapports s’adoucissaient de plus en plus tant Karima savait être gentille), laver la voiture, nourrir le chien, etc.
Ces horaires de machines ne lui laissaient qu’une heure et demie par jour pour voir sa famille, mais elle ne pouvait pas s’en plaindre malgré ce que disait Juan. Plusieurs fois il était allé voir l’employeur de sa copine pour lui demander de lui laisser plus de temps libre mais il s'était toujours fait rembarrer.
Le couple se questionnait sur l’avenir qu’il devait construire dès maintenant. Jamais Karima ne se plaignait, jamais elle n'était fatiguée, jamais elle n'était de mauvaise humeur. L'épouse idéale. Juan l’aimait beaucoup.
Cette vie dura treize ans, jusqu’au jour où monsieur X acheta un robot assistant masculin. Il en avait assez d'être servi par une bonniche et aujourd’hui, on savait faire des robots personnalisés. Monsieur X avait fait le sien à son image.
Karima 5·71 fut donc remerciée mais elle n’avait plus d’avenir. À moins du miracle qu’elle trouve un foyer sans robot pour l’accueillir, elle ne pouvait plus retourner à l’usine, car le constructeur avait mis la clé sous la porte, et elle ne savait rien faire d’autre que des tâches ménagères.
Personne ne voudrait perdre du temps à lui apprendre à se servir d’un ordinateur ou à conduire une voiture. Personne, sauf son amoureux. Mais malgré tous ses efforts bienveillants, Karima n’apprenait pas, car sa capacité de mémoire était très restreinte, conçue seulement pour ses tâches de base.
Mais elle ne s’en plaignit pas. Elle suggéra à Juan de l’emmener en voyage. Elle avait envie de voir le monde après une vie passée à astiquer le parquet. Mais Juan était partagé, Nassim était encore au collège et ils ne pourraient pas partir très longtemps. Alors marions-nous, répondit-elle. Et partons en lune de miel.
Et nous y voilà. Karima et Juan attendaient leur deuxième enfant et se trouvaient présentement en face du curé. Comme ils étaient beaux, lui en noir et elle en blanc, avec son ventre arrondi.
C'était le tout premier mariage d’un homme et d’une machine, et derrière eux, la première femme à avoir épousé un cadavre serrait avec émotion la photo de son mari, un homme mort au siècle dernier, et lui murmurait des paroles d’amour en pleurant d'émotion.
Elle avait apporté à cette occasion son acte de mariage. Tant de souvenirs si joyeux… Quand le prêtre les avait unis, elle avait embrassé le cercueil de son époux d’un baiser tendre. Elle n’avait alors que vingt-huit ans, lui était déjà mort depuis trente ans, et on l’avait exhumé pour ce jour qui les unirait pour l'éternité.