Paris avait commis pour nous ramener dans ce que les catholiques-latins appelent les voies dit salut.
Mais, vous le savez, cette mission est restée sans succès, nonobstant le talent et le zèle bien connu de ces deux ecclésiastiques, dont je me plais à proclamer ici le mérite et les vertus sacerdotales. Comment s’est il donc fait que nous n’ayons pu nous entendre complètement? En voici les motifs en deux mots:
Votre Eglise romaine, comme les rayautés qui tombent chaque jour, se croit immuable; elle prétend seule avoir le monopole de la parole sainte et de la vérité. Ses dogmes sont pour elle une arche sainte à laquelle nul autre que ses ministres n’a le droit de toucher. Croire sans voir et sans comprendre, c’est là, selon vous, une condition sine quà non de salut éternel.
L’Eglise Française, au contraire, conformément aux paroles de l’éternelle vérité, qui a livré le monde aux explorations incessantes de l’humanité, veut voir et comprendre avant d’admettre et de croire. Pour elle, le témoignage des hommes n’est point un moyen infaillible do juger, l’homme marchant sans cesse à la découverte de vérités inconnues. Dans le grand tout, Dieu seul et sa loi sont immuables, parce que seules ils sont infaillibles.
Ni votre Eglise, ni la nôtre ne doivent avoir la prétention impie d’être infaillibles, nous devons donc, Ministres et Fidèles de l’Eglise Romaine et de l’Eglise Française, ou de toute autre Eglise, si nous voulons vraiment ne plus former qu’une âme et qu’un corps, chercher à nous unir en esprit et en vérité, c’est- à‑dire par la croyance au même Dieu, aux même lois et par la pratique des mêmes vertus sociales.
Pour atteindre ce but qui doit réaliser le règne de Dieu sur la terre, en faisant de l’humanité une seule et même famille, voici ce que propose l’Eglise Française dont je ne suis ici que le simple délégué:
- Abolition et confiscation, au profit de la raison, des mystères et des doctrines incomprises du passé.
- Dieu, ses attributs, sa loi; l’Homme, ses attributs et sa loi; l’univers enfin et la loi naturelle, scrutés, examinés et connus par les seules lumières venant de l’Etre suprême, c’est-à- dire par la raison et la science.
- Plus de révélation de privilèges faite à quelques hommes, mais la grande révélation universelle se faisant éternellement à tous les êtres de la création, selon ces paroles divines.