À Rome, la Formule E fait rage et j'ai eu l'occasion unique de conduire une de ces voitures en avant-première. Il y a quelques jours à Magione. Et pas n'importe quelle monoplace, mais l'une des plus réussies : la DS Techeetah dorée et noire de Vergne et Lotterer. La même voiture qui avait remporté la course en Chine, avant Rome. Oui, une seule des nouvelles monoplaces de 2e génération avec des moteurs d'une puissance de 200 kilowatts (270 chevaux-vapeur), une capacité de batterie supérieure à 54 kilowattheures qui vous permettent de jouer la course entière de 45 minutes sans charger ou changer de voiture comme l'année dernière. Et tant de Halo dans le cockpit de style F1.
Un test exclusif et spécial qui m'a laissé des sentiments mitigés. Je vais essayer de les résumer brièvement, tandis qu'un article plus long et plus détaillé sera publié la semaine prochaine sur Autosprint.
Ce qui m'a le plus impressionné, ce n'est pas l'accélération, mais la vitesse en silence absolu. Laissez-moi vous expliquer : la nouvelle Formule E atteint une vitesse maximale théorique de 280 km/h. Théorique parce qu'en réalité ces voitures sont limitées à environ 230 km/h. Dans la ligne droite Magione, j'ai atteint 215 km/h avant le freinage : ce n'est pas mal si l'on considère que je n'ai fait que cinq tours, et je n'étais certainement pas familier avec cette voiture. Mais l'important n'est pas la vitesse en soi, mais le fait d'arriver en silence absolu. On n'entend que le bruissement de l'air contre le casque. Vous partez bruyamment sans entendre aucun bruit. C'est étrange, n'est-ce pas ? Par exemple, je n'avais pas réalisé que j'allais vite. Je n'avais aucun point de repère et il n'y avait aucun bruit pour me donner la preuve de la vitesse. C'est un sentiment étrange.
Pour le reste, la Formule E ne m'a pas laissé ce sentiment de WOW ! d'une grande puissance et d'une agressivité perturbatrice comme tant d'autres voitures de course que j'ai eu la chance de conduire dans mon expérience de journaliste-testeur. Par exemple, je me souviendrai toujours des sensations fortes de l'Audi R15 au Mans, un turbocompresseur V10 de 5,7 litres avec près de mille nouveaux mètres de couple. Quand on coulait le gaz, les ceintures se brisaient dans la poitrine et avec les doigts, il fallait tenir le volant pour ne pas perdre l'adhérence, tant l'accélération de ce petit bateau était brutale. Encore plus que la R18, qui avait une plus petite cylindrée et moins de chevaux-vapeur. Plus récemment, j'ai été ravi par la méchanceté du Lambo Huracan SuperTrofeo, qui a eu un rugissement si déflagrant, grâce à son moteur V10, qui vous fait vibrer chaque pore de la peau. Il a transmis le pouvoir et la brutalité de toutes parts. La Formule E n'est pas comme ça. Il est rapide, il casse fort grâce aux étriers et aux disques de carbone, il se détache sous les courbes et il s'insère assez rapidement. Mais il lui manque le son pour paraître "mauvais". Il n'y a pas grand-chose à faire. Les jeunes l'aiment peut-être, mais je n'aime pas une voiture de course qui n'a pas de vrai losange. C'est comme écouter du rock en fond sonore à très faible volume.
Alors, une déception ? Absolument pas. Mais c'est une autre voiture. Les émotions, le plaisir de conduire viennent d'autre chose que de la conduite pure. Par exemple, il y a une accélération violente. J'ai essayé de faire un bon départ avec la procédure de lancement que les pilotes utilisent au départ. C'est très simple. Comme un avion qui décolle. Vous tirez la palette centrale à gauche sans le frein, vous appuyez sur l'accélérateur vers le bas, la machine reste immobile comme si elle était freinée, et lorsque l'inscription sur le tableau de bord "prêt au décollage" apparaît, vous relâchez la palette sans évidemment retirer votre pied de l'accélérateur. Et la DS Techeetah craque comme une écharpe à l'arrêt. Acelera de 0 à 100 km/h en un peu plus de 3", soit le double d'une F1 qui prend 1,5/1,7 seconde, mais qui développe quand même 270 chevaux contre les milliers d'une F1 qui pèse même trois cents kg de moins. Que voulez-vous de plus ?
Le plus compliqué, c'est le volant. L'ingénieur français qui était mon tuteur dans ce test, m'avait rassuré : "Vous verrez, la conduite est simple : il n'y a que deux pédales, l'accélérateur et le frein, et aucune boîte de vitesses. Uniquement en marche avant. Comme un kart". Mais il a ensuite passé une bonne demi-heure à expliquer l'utilisation des différentes commandes au volant. Il y a trois boutons rotatifs, huit boutons, deux roues à pression. De là, tout est réglé, des cartes de puissance moteur, à la répartition du freinage, en passant par le comportement des différentiels. Mille combinaisons différentes. Le contrôle de tous ces paramètres au volant est la véritable difficulté de la Formule E. Qu'à l'heure actuelle, après la Formule 1 et peut-être le Toyota TS050 du WEC est la voiture de course la plus complexe du monde.
Merci de votre attention !