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Dépendance affective : quand l'amour devient obsessionnel, symbiotique et fusionnel

Le thème de la dépendance affective a des racines très lointaines, déjà Ovide (Amores, 19-24 av. J.-C.) a introduit le thème avec une phrase célèbre "Je ne peux pas vivre avec toi, ni sans toi", une phrase qui continue à revenir à notre langage commun même avec des variations telles que "J'ai besoin que tu vives", "Je ne peux rester loin de toi".

Cependant, le terme dépendance émotionnelle n'est entré dans le lexique de la psychopathologie qu'en 1986 grâce au psychothérapeute américain Robin Norwood et à son livre Women who love too much, dans lequel il fait référence aux caractéristiques de ce qui, selon l'auteur, est un amour "dangereux".

La dépendance affective, ou dépendance amoureuse, est considérée comme une forme d'amour obsessionnel, symbiotique et fusionnel ; c'est une façon "malsaine" de vivre la relation et se développe généralement entre deux partenaires adultes, mais elle peut aussi survenir entre thérapeute/médecin et patient ou entre parent et enfant (Borgioni, 2015).

Cadre nosographique

A ce jour, la dépendance affective n'apparaît pas dans les manuels de diagnostic comme un trouble en soi, même si dans le DSM 5 (American Psychiatric Association, 2014), dans le chapitre sur les troubles liés aux substances et les troubles de dépendance, la dépendance amoureuse est mentionnée, mais sans référence ni aux critères de diagnostic ni aux caractéristiques du trouble.

La dépendance affective fait donc partie de la nouvelle dépendance, c'est-à-dire les dépendances comportementales dans lesquelles il n'y a pas d'abus de produits chimiques ou d'alcool. L'une des caractéristiques communes à toutes les nouvelles dépendances est le fait que souvent, précisément en raison de l'absence de substances nocives, elles peuvent rester à l'ombre pendant toute la vie du patient (Guerreschi, 2011).

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Un aspect important est la distinction entre la dépendance émotionnelle et le trouble de la personnalité, car les deux conditions ont souvent tendance à être les mêmes. En fait, comme le souligne également Borgioni (2015), les deux conditions doivent être considérées séparément pour diverses raisons :

Dans le trouble de dépendance de la personnalité, le besoin de protection et de soins prévaut, dans la dépendance affective, ce besoin n'est pas seulement répandu, mais exaspéré ;

Les personnes atteintes de troubles de dépendance de la personnalité permettent aux autres de prendre possession et de gérer les aspects de leur vie, ce qui n'est pas le cas dans la dépendance émotionnelle ;

Dans le trouble de dépendance de la personnalité, la figure de la dépendance est immédiatement remplacée par une autre ou par une substance, tandis que dans la dépendance émotionnelle, le patient "fixe" la relation précédente et essaie de la récupérer d'une quelconque manière ;

Dans le trouble dépendant de la personnalité, la dépendance envers les autres est constante, étant un trait de personnalité, alors que dans la dépendance affective, elle ne se développe que dans certaines relations.

On peut donc considérer la dépendance affective comme un trouble relationnel du " ici et maintenant ", qui ne se réfère pas nécessairement aux événements traumatiques de l'enfance (Secci, 2014).

La dépendance émotionnelle est-elle une dépendance réelle ?

Pour répondre à cette question, il faut d'abord examiner si les symptômes typiques de la dépendance sont présents dans la dépendance affective (confusion, tolérance, abstinence, incapacité à contrôler son propre comportement) et, le cas échéant, de quelle manière ils se manifestent.

Euphorie : le patient ressent un sentiment de bien-être lorsqu'il est avec son partenaire, un tel sentiment est indispensable pour être bien et ne peut être obtenu d'aucune autre manière.

Tolérance : le patient ressent le besoin d'augmenter le temps qu'il passe avec son partenaire, réduisant de plus en plus le temps qu'il consacre à lui-même et à son autonomie. Ce comportement est alimenté par l'incapacité de maintenir la présence intériorisée de l'autre.

Abstinence : l'absence du partenaire conduit à un état de désespoir qui ne peut être atténué que par la présence physique de l'autre.

Incapacité à maîtriser son propre comportement : réduction de la capacité critique liée à soi-même, à l'autre et à la situation.

Cela crée un cercle qui se nourrit en renforçant le comportement de dépendance :

  • Gratification et plaisir immédiats (renforcement positif)
  • Soulagement de la souffrance abandonnée (renforcement négatif)
  • Sentiment de gentillesse et de valeur

Théories étiopathogénétiques

L'hypothèse évolutionnaire-sociale

Ghezzani (2015) soutient que la dépendance émotionnelle ne devrait pas être considérée comme une véritable maladie pour deux raisons : pour sa valeur évolutive et de survie et pour les qualités coopératives innées de l'espèce humaine. L'auteur explique que, si dans le monde animal, la dépendance des chiots à l'égard de leurs soignants est fonctionnelle, mais seulement pour de courtes périodes, chez l'espèce humaine, cette dépendance a des périodes beaucoup plus longues et il est donc impensable que le lien de dépendance qui est créé puisse ensuite se dissoudre. De plus, chez l'être humain, la coopération est fondamentale pour la survie et, comme le prétendent Aronson et ses collègues (2013), au lieu de dépendance, nous devrions parler d'interdépendance pour souligner la réciprocité affective des relations humaines.

L'hypothèse neurobiologique

Il a été amplement démontré dans la littérature (Bottaccioli, 2005) que si un enfant est retiré des soins des soignants, il augmente sa production d'endorphines et de cortisol, les hormones du stress ; cette sécrétion peut endommager les zones du système limbique, cette partie du système nerveux central qui nous permet d'être excités et de créer des sensations qui peuvent durer dans le temps et la mémoire.

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Le système de récompense

Nous préférons utiliser le terme "addiction" dans le sens d'"esclavage" parce que toute situation, relation ou substance qui crée du plaisir dans le sujet et soulage sa douleur peut le rendre "esclave" par elle (Fisher, Xu, Aron, & Brown, 2016).

Le comportement motivé par des stimuli gratifiants se compose d'une phase d'appétit, dans laquelle l'objet de plaisir est recherché et d'une phase de consommation dans laquelle le comportement se manifeste selon des schémas rigides liés à l'activité spécifique. Les troubles du plaisir concernent la phase appétitive : la répétition de la recherche de stimuli agréables crée une dépendance (Aron, Fisher, Mashek, Strong, Li & Brown, 2005).

Style d'attachement

En analysant les caractéristiques des personnes ayant divers types d'attachement, il est évident que les personnes ayant un attachement incertain-ambivalent reflètent les traits typiques des personnes ayant une dépendance affective : le contrôle obsessionnel de soi, de l'autre et de la relation ; la conviction de ne pas être digne d'amour ; la recherche continue de relations symbiotiques avec des personnes idéalisées ; la peur de la séparation et de la perte.

L'expérience de l'employé affectif a donc été caractérisée par des chiffres de référence présents mais de façon intermittente, arrivant souvent à un renversement des rôles qui voit l'enfant adulte et le parent-enfant (Borgioni, 2015).

Traitement

Avant de parler du traitement de la dépendance amoureuse, vous devez comprendre s'il est éthique et nécessaire d'intervenir. A cet égard, il y a deux camps différents : dans la "vision étroite", l'amour ne devient dépendance que lorsque le circuit de la récompense est activé ou lorsque l'individu a un trouble préexistant ; dans la "vision large", tout amoureux entre dans le spectre de la dépendance émotionnelle, qui n'est donc pas considérée comme une maladie, mais simplement un don naturel de l'homme.

Si l'on se réfère à la "vision étroite", il y a des situations dans lesquelles il est nécessaire d'intervenir pour la dépendance émotionnelle. Cette intervention peut être pharmacologique (compte tenu de toutes les démonstrations sur les causes neurobiologiques de la maladie) ou psychologique. Dans ce cas, on peut se référer à la thérapie cognitivo-comportementale qui interviendra sur certains points fondamentaux :

  • Restructuration des pensées irrationnelles
  • Formation en aptitudes sociales
  • Commande par impulsions
  • Prévention des rechutes

En conclusion, nous soulignons que la relation thérapeutique s'est avérée être l'un des principaux prédicteurs de l'efficacité de la psychothérapie (Safran & Muran, 2000) et ceci apparaît d'autant plus important lorsque la question traitée est purement relationnelle, comme dans le cas de la dépendance émotionnelle.