partie 7
On ne parle pas de ce qui se passe entre nous.
Pendant la journée, Eric porte un masque, se referme, se cache dans le monde de la musique et des rêves, dont il ne sort que pour manger avec moi et se promener - je le prends pratiquement à la main et le traîne avec moi. Il s'anime sous nos yeux, mais il est vraiment tard le soir.
On passe les nuits ensemble. Lui et moi seuls, cachés du monde. On s'allonge dans les bras d'un ami et on parle, disons.... Parfois, nous ne comprenons pas nos mots, mais nous savons que c'est la seule façon, pas autrement. Je ne vis que ces nuits-là.
Eric se révèle à moi sous de nouveaux angles : c'est un architecte et un peu un artiste, un fakir et un ventriloque..... Tous ses talents me fascinent, mais je ne peux pas changer son pouvoir sur moi. C'est plus, c'est plus fort que je ne le pensais. Juste le regard de ses yeux dorés - et je suis prêt à suivre leur propriétaire même en enfer.
Eric me raconte ses voyages, me racontant avec un cœur qui coule les horreurs de ses actions en Perse, sans même essayer de les justifier. Toute son histoire est une série de faits, de pensées, d'images....
Sa voix fait de moi une étrange créature, incapable d'évaluer correctement la réalité environnante.
Eric m'hypnotise, et je ne vois pas l'intérêt de le changer. J'ai besoin de lui : j'ai besoin de lui tel qu'il est, avec tous ses défauts et ses bizarreries.
Tout cela me fait croire que le bonheur est possible.
Il s'avère que j'avais besoin qu'Eric le croie.
* * *
Les nuages s'épaississent dans la rue et la pluie commence lentement à se mettre à pleuvoir, ne touchant le sol qu'en passant. Le mois d'août touche à sa fin, et je ne m'attends pas à ce que le léger étouffement d'aujourd'hui ne se termine pas par une simple pluie.
Eric sort seul.
Quand le ciel brise le premier éclair, mon cœur s'arrête.
L'horreur me contrôle l'esprit.
Eric.
Dans un orage, sous la pluie.... seul ! Oh, mon Dieu ! Oh, mon Dieu !
Et s'il se passe quelque chose ? S'il échoue et tombe là, mourant de peur ? Seul, incapable de s'éloigner du corps de l'horreur ?
Je dois le trouver !
Trouvez-le !
Je saute du canapé, où je m'assois avec la broderie, et je sors sur le porche, ne jetant qu'une cape par-dessus une robe de maison.
La pluie se répand sur le sol : goutte à goutte, frissonnant, tremblant, tremblant, clouant la poussière au sol. Pluie, pluie, pluie, pluie....
Le ciel coupe à travers la foudre, et je sors en courant sur une route vide.
Je suis comme dans un rêve terrible - seul, à crier, à appeler, mais il n'est pas, non.... Je me tiens avec mes mains contre ma poitrine, je prie, mais je suis impuissant.
Il n'entend pas.
Toute la conscience est remplie d'une seule phrase.
Où es-tu, où es-tu ?
Je pleure presque. Courir pour sauver ta vie ? Et si ce n'est pas là, et si ce n'est pas bien ?
Ce soir, qui se transforme en nuit, est prêt à me remplir de désespoir et à me noyer dans l'horreur de la pluie qui tombe du ciel.
J'appelle, je crie.... Tout n'a pas de sens !
Non, non, non....
Et je le vois ici : il marche, titubant, marchant sous la pluie, venant à moi....
Je l'appelle, et ma voix prend de la force. Je me jette sur lui.
En retour, j'obtiens mon nom, qui est à peine perceptible derrière le bruit de la pluie battante.
Réduire la distance entre nous.
Eric me tire et je pleure contre son gilet mouillé.
Seigneur....
- Pourquoi ? Pour l'amour de Dieu, pourquoi... Pourquoi avez-vous fait ça ? Parce que tu savais, tu savais !
Un sourire léger touche ses lèvres.
- Eric voulait surmonter sa peur - je le soutiens parce que ses jambes sont entrelacées et qu'il tremble encore. - Il ne veut pas être.... d'être si faible. Il voulait.... Il voulait être meilleur. C'est mieux pour Christine.
Vous connaissez cette sensation quand vous patinez, allez plus vite, plus vite et tombez soudainement sur la glace ? C'est un sentiment de maladresse et de défaite qu'il ne faut pas confondre avec quoi que ce soit d'autre.
J'ai l'impression de me sentir coupable.
Et qu'ai-je fait pour lui ?
Je ne suis qu'un abruti.
Mes yeux sont à nouveau enveloppés de larmes chaudes qui viennent de s'assécher.
- Pardonnez-moi ! Eric, je.... Je suis si.... si stupide.... - Je n'ai pas la force de lui crier dessus. Il n'y a pas de droit.
- Quand je pense à vous - il parle très, très calmement, mais je distingue chaque mot - j'oublie le monde entier. Я... Je peux m'en occuper.
Je ne supporte plus de regarder dans ces yeux dorés.
- Eric.... - on entre dans la maison, mais ça n'a pas d'importance. Tout ce qui compte, c'est qu'il me regarde différemment que d'habitude. - Vous êtes....
Je veux dire, il peut le supporter, mais je dis des mots différents à la place.
- Tu veux bien m'embrasser ?
Au lieu de cela, il couvre avidement mes lèvres avec les siennes, m'attirant vers lui.
Comment décrire notre baiser ?
C'est mignon. Confidentiel.
C'est un timing incroyable.
J'ai l'impression de faire partie de son monde.
C'est comme si Eric pensait que je méritais d'être avec lui.
Je ne veux pas le laisser partir, mais il rompt le baiser lui-même.
C'est seulement maintenant que je remarque qu'il est mouillé.
- Eric, je mets ma main sur son épaule, change-toi et prends un bain chaud.
Il est un peu surpris de moi.
Il croit que je m'en fiche.
- En attendant, je vais vous faire du chocolat chaud....
Il sourit à nouveau, maintenant doucement et distraitement.
* * *
On est assis dans le salon sous la couverture près de la cheminée.
Nous buvons du chocolat chaud et regardons dans les flammes.
Epaule contre épaule.
- Est-ce que cela arrive ?
Je pose ma tasse, je m'allonge et je pose ma tête sur ses genoux.
- Oui, Eric. C'est comme ça que ça devrait être....
Il me caresse les cheveux avec délicatesse. Après quelques minutes, je n'ai plus pu résister au sommeil qui me retenait l'esprit.
Je m'endors dans ses bras.
à suivre...